Nous vivons un moment difficile. Ceux d’entre nous qui se sont engagés pour la construction européenne, pour une Union européenne construite sur le fédéralisme sont découragés. Ces idées sont aujourd’hui considérées comme obsolètes, irréalistes. Les critiques pleuvent sur l’Union, bureaucratique, lourde et incapable de répondre aux défis de la croissance économique, de la politique étrangère et de peser dans les affaires du monde. Des économistes supposés brillants prônent la sortie de l’euro.
Et pourtant, au fond de nous, cet engagement européen reste vivant parce que c’est la seule voie possible si nous voulons que nos pays, qui il ya un siècle, dominaient le monde (Royaume-Uni, France, Allemagne), devenues des puissances moyennes à l’échelle du monde, puissent jouer un rôle global. Je ne parle plus d’hégémonie, de toute puissance. Cette période historique s’est finie par le suicide européen collectif qu’ont été les deux guerres mondiales. J’évoque seulement la capacité d’être un interlocuteur, un partenaire égal avec les États-Unis, la Chine, l’Inde.
Nous avons déjà fait un chemin considérable. Les acquis de ces cinquante dernières années (marché unique, Schengen, euro, union bancaire) sont uniques dans l’Histoire. Et nous continuons à avancer, même si c’est de manière feutrée. Ainsi aujourd’hui, 26 pays ont signé la création du fonds de résolution unique. C’est assez techno mais cela veut dire qu’il y aura désormais un fonds européen qui fera face aux défaillances éventuelles d’une banque. Cela n’a l’air de rien mais cela veut dire l’intégration de nos systèmes bancaires.
L’essentiel, pour le court terme, est que l’Union soit active dans la relance de l’économie : l’Europe en a la capacité et les moyens financiers. La zone euro devra jouer un rôle central et se doter des moyens nécessaires (un président, une gestion mutualisée de la dette, l’union budgétaire, une capacité d’emprunt).
Plus tard, il y a quantité de sujets : la politique énergétique, l’immigration, la recherche, ...
Voilà la feuille de route de l’espoir. Ne nous laissons pas forcer la main par les populistes, les souverainistes, les extrémistes de tout poil qui fleurissent au Royaume-Uni, en France, aux Pays-Bas. Ils ne proposent rien, prospèrent dans la négation et la critique : ils sont les fleurs du Mal. Soyons celles du Bien.