L’euphorie post-électorale qui a suivi la large victoire de la Coalition de la gauche radicale (Syriza) aux législatives grecques de ce dimanche 25 janvier 2015 n’a pas fait long feu.
Hier matin encore, la plupart des dirigeants politiques français, M. Mélenchon et Mme Le Pen en tête, se félicitaient de ce vote dans une optique de récupération politique assez grossière. Quelques heures plus tard, on apprenait qu’Alexis Tsipras choisissait de s’allier au parti souverainiste de droite, Les Grecs indépendants, pour former son gouvernement. Quel désaveu pour l’extrême-gauche française qui voyait dans la Grèce un exemple à suivre !
La raison de ce rapprochement est connue : les deux partis sont unis dans leur rejet des politiques d’austérité imposées à la Grèce par la Troïka. Mais cette préoccupation économique commune laisse très vite place à un grand écart social et sociétal comme l’illustre les propositions de chaque parti sur l’immigration : régularisation des sans-papiers d’un côté, fermeture des frontières de l’autre. L’accord de gouvernement qui sera conclu risque d’être ténu et de ne pas durer longtemps tant cette alliance parait contre-nature.
Certains se consolent en voyant dans le choix de Syriza une forme de réalisme politique qui donne la priorité aux questions économiques sur le reste. D’autres prétendent que Syriza joue un jeu et prépare déjà une autre coalition ou une nouvelle élection qui lui donnerait la majorité absolue. Ces excuses ne suffisent pas à masquer une réalité terrifiante : le leader de la gauche radicale, aux allures de premier de la classe investi dans l’humanitaire, a choisi de s’allier à un parti nationaliste dont le dirigeant est connu pour ses propos racistes, islamophobes, antisémites, homophobes et pour ses démêlés avec le fisc. On croyait M. Tsipras en quête de respectabilité, lui qui avait adopté un discours plus policé et euro-compatible à la fin de sa campagne. L’illusion aura fait des déçus, ici comme en Grèce.