Mercredi soir nous avons auditionné M. Valdis Dombrosvkis, Vice-président de la Commission européenne chargé des questions économiques et des budgets nationaux. À ce titre, il venait devant le Sénat expliquer comment la Commission européenne voit l’évolution de l’économie et du déficit budgétaire.
Il est clair qu’il y a une différence d’appréciation importante entre la manière selon laquelle la France et la Commission analysent les choses. La France souligne qu’elle a pris du retard sur sa stratégie de résorption du déficit budgétaire car la croissance et l’inflation ont chuté significativement en 2014, la privant des recettes fiscales prévues. C’est pourquoi elle a demandé un délai supplémentaire de deux ans (2017) pour atteindre le fameux 3% de déficit. Pour cela, elle a mis en place un plan de réformes structurelles important (pacte de responsabilité, CICE, allégement de charges sociales, réforme territoriale, de l’enseignement, relations sociales, ...). Un effort de réduction des dépenses publiques de 50 milliards d’euros est en cours : 25 milliards en 2015, 15 en 2016 et 10 milliards en 2017.
La Commission considère que le compte n’y est pas. Selon elle, les économies à faire devraient être de 80 milliards dont 4 supplémentaires dès cette année. C’est une demande exorbitante mais beaucoup d’États de l’Union considèrent que le Portugal, l’Espagne les pays baltes ont fait des efforts d’ajustement considérables et qu’il n’y a pas de raison que la France, parce qu’elle serait un grand pays, n’en fasse pas autant. Le cas de la Grèce, qui n’a pas fait grand-chose et qui se dirige allègrement vers la cessation de paiement, est à part.
Je pense que l’analyse de la Commission est erronée car elle ne prend en compte que la moitié des économies que nous entendons faire en 2015. Michel Sapin a du reste répondu très clairement le 9 mars dernier que le gouvernement n’avait pas l’intention de suivre ces recommandations.
Elles sont en tous cas inacceptables pour nous car l’application de ce remède de cheval devrait se traduire concrètement par une baisse des salaires et des retraites de l’ordre de 10%. Les conséquences, outre sociales, seraient de casser la petite croissance que la France espère engranger en 2015 (1,7%) et de la ramener à 0,5%, une quasi stagnation. Elle contribuerait aussi à accélérer le processus de déflation (baisse des prix, arrêt de la croissance économique).