Chahutée par son parti ces dernières semaines, Angela Merkel est parvenue à réaffirmer sa volonté de continuer à accueillir les réfugiés lors de l’ouverture du 28ème Congrès de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). En prononçant un long discours d’une heure quinze portant intégralement sur cette question, il semble qu’elle ait retrouvé l’approbation de sa majorité, qui l’a ovationné pendant 10 longues minutes à l’issue de celui-ci.
Si la Chancelière allemande a bien voulu admettre la nécessité de réduire perceptiblement l’afflux de réfugiés, pour éviter une saturation des dispositifs d’accueil et pour assurer l’unité du CDU dont l’aile droite plaide pour une inflexion de la politique d’accueil mise en œuvre depuis septembre, elle a catégoriquement refusé la requête de son allié bavarois (CSU) de plafonner le nombre de réfugiés que pourrait accueillir le pays.
Ouverte au compromis donc, elle a cependant réussi à défendre avec brio le choix d’une politique généreuse, devant s’appuyer sur une forte solidarité européenne, un meilleur contrôle des frontières extérieures et un plan de répartition des réfugiés entre les pays membres de l’UE ! Elle a très justement souligné l’impossibilité de fermer les frontières au XXIème siècle face à « l’impératif humanitaire » et a dénoncé la naissance d’un discours de haine. Elle a également appelé à construire « l’Allemagne de l’avenir » en intégrant les réfugiés.
C’est donc une politique courageuse que mène Angela Merkel aujourd’hui. Alors que l’ensemble de l’Europe assiste à la poussée des populismes, qui n’épargne d’ailleurs pas l’Allemagne, la Chancelière refuse de céder à un discours rabougri de peur de l’Autre, et ce même lorsqu’elle prend le risque de se trouver isolée sur l’échiquier politique, tant à un niveau national dans sa propre famille politique, qu’à l’échelle européenne où les États membres se montrent bien frileux.
En phase avec le discours du SPD, qui s’est également réuni lors de son congrès annuel la semaine dernière, elle a donc fait un choix qui dépasse les traditionnels clivages partisans et qui, selon moi, restera dans l’Histoire.