Un mot pour dire que les temps sont difficiles pour ceux qui, comme moi, se sont engagés pour une certaine idée du socialisme et pour l’Europe fédérale. On a l’impression que le cycle historique commencé en 1968 s’achève aujourd’hui dans les décombres fumants d’une France et d’une Europe ouvertes à tous les nationalismes et à tous les populismes.
Je ne souhaite pas en rajouter sur le Brexit. La remarque de René Fievet est juste : ce vote signifie que le Royaume-Uni ne jouera plus de rôle sur le plan mondial. Ayant tourné le dos à son influence en Europe, il croit à tort renforcer sa relation « privilégiée » avec les États-Unis. Celle-ci n’existe plus : Obama l’a clairement dit. C’est l’Asie qui les intéresse.
Je suis inquiet de la faiblesse des pouvoirs politiques en Europe : François Hollande est durablement atteint, Angela Merkel ne prend plus d’initiatives, bloquée dans sa coalition avec un SPD évanescent. L’Allemagne n’a répondu à aucune proposition visant à renforcer l’axe franco-allemand et la coopération économique et financière. Il en est de même pour l’union bancaire et elle passe beaucoup de temps à contester les décisions de la BCE devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe.
Matteo Renzi peine à répondre au comique pas si troupier Pepe Grillo et perd les grandes villes d’Italie. Et je ne parle pas de la situation bloquée de l’Espagne.
Nous pouvons toujours discuter sur la nécessaire refondation de l’idéal européen : avec qui ?
L’idée que le Brexit nous offre une nouvelle chance se heurte à cette dure réalité.