Deux évènements non négligeables ont eu lieu dimanche dernier en Europe. Si l’avènement d’une coalition entre le SPD et le CDU est une bonne nouvelle pour l’Union Européenne, la percée des partis eurosceptiques au cours des élections législatives en Italie a de quoi inquiéter.
Après plusieurs mois d’incertitude, l’Allemagne semble avoir retrouvé la voie de la stabilité politique. À l’issue d’un référendum interne, les militants du SPD (parti social-démocrate) se sont finalement prononcés à une large majorité (66%) en faveur d’une coalition avec le CDU (parti conservateur).
Reconduisant Angela Merkel pour un quatrième mandat de chancelière, cette alliance lui permettra de disposer d’une courte majorité au Bundestag (53%). Les membres du SPD devraient se voir attribuer plusieurs postes clés au sein du nouveau gouvernement, incluant notamment le ministère des finances.
Cet accord de gouvernement est une avancée positive pour l’UE. Après cinq mois de stagnation, la France et l’Allemagne vont de nouveau pouvoir travailler côte à côte pour faire avancer le projet européen.
De plus, le SPD se trouve en phase avec la vision européenne française. Plusieurs propositions formulées par Emmanuel Macron lors de son discours pro-européen de la Sorbonne auraient reçu un écho favorable lors des discussions précédant l’accord entre les deux partis. C’est le cas par exemple de la mise en place d’un budget de la zone euro afin de faire face aux crises économiques, un ajustement recommandé par de nombreux économistes dont le prix Nobel Paul Krugman.
Côté Italie, la situation s’annonce en revanche peu encourageante. Si le scrutin législatif d’hier n’a pas fait émerger de majorité parlementaire, le score obtenu par le « Mouvement 5 étoiles » laisse perplexe. Avec 32% des suffrages exprimés, ce parti eurosceptique s’impose comme le gagnant incontestable de cette compétition électorale.
Formellement pourtant, la victoire revient pour l’instant à la coalition de droite regroupant le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue et le parti Fratelli d’Italia, qui totalisent ensemble 37 % du vote. Généralement classée à l’extrême droite et connue pour sa vision anti-européenne, la Ligue affiche le score le plus élevé de la coalition, soit 18%. Le grand perdant de l’élection est ainsi le Parti démocrate (PD) de l’ancien premier ministre Matteo Renzi, qui enregistre un plus bas historique à 19% des voix. Du PCI au Parti démocrate, ainsi meurt la gauche italienne …
Avec l’absence de majorité absolue, le pays se trouve actuellement dans une impasse politique. Bien qu’initialement souhaitée par Renzi, une alliance entre la gauche et la coalition de droite semble très peu probable, tant la Ligue et le PD sont éloignés politiquement. D’après les commentateurs, le scénario le plus plausible demeure ainsi l’organisation de nouvelles élections au cours des prochains mois. Reste la possibilité d’une coalition qui rassemblerait le centre droit, représenté par le Forza Italia de Berlusconi soudain devenu pro-européen, et le centre gauche incarné par le PD. Mais est-ce une bonne solution pour l’Europe ?