Pendant des lustres, la politique agricole commune a été l’enfant chéri de l’Union européenne et de ses budgets.
Résultat d’un compromis entre l’Allemagne et la France mais aussi du lobbying féroce de la FNSEA tant à Paris qu’à Bruxelles où elle avance masquée, défendant avec acharnement les intérêts des grandes coopératives en se cachant derrière les petites exploitations. Moyennant quoi, l’agriculture a toujours été le premier poste du budget européen (de l’ordre de 1000 milliards d’euros). Tout cela pour un résultat qui, au bout de 50 ans, n’est guère probant.
Nous voici arrivés à l’heure de vérité. Avec le Brexit, les recettes de l’Union vont baisser de 10 milliards d’euros. Pour le moment, tous les gouvernements de l’Union ont indiqué qu’ils n’accepteraient pas d’augmentation de leur contribution au budget communautaire. Comme les recettes propres, en particulier les droits de douane, n’augmentent guère et que les recettes propres nouvelles (fiscalité des GAFA, taxe financière, ...) sont encore dans les limbes, il n’y a qu’une seule solution : réduire les dépenses.
C’est là que l’agriculture européenne commence à souffrir avec une baisse de 3,9% (pour la France). Je comprends la réaction brutale et hostile du gouvernement français, d’autant que la droite et le PS mènent campagne contre Emmanuel Macron en l’accusant d’être le « président des villes » contre la bonne vieille France rurale.
Pour les petits agriculteurs qui font partie du paysage et de l’électorat, ce serait une baisse difficile à vivre d’autant que leurs revenus sont déjà très faibles pour des semaines de 70 heures. Pourquoi alors ne pas moduler la réduction des aides européennes selon la taille ou le chiffre d’affaires des exploitations avec une dégressivité significative ?
Le projet de budget présenté par la Commission européenne se tient. Avec une enveloppe restreinte (1279 milliards d’euros), il s’agit de financer des secteurs d’avenir comme le numérique, le renouveau industriel, mais aussi l’enseignement, le contrôle des frontières et la défense.
C’est le bon sens même.