Depuis mercredi, la scène politique allemande est en proie à des bouleversements suite à l’élection du libéral-démocrate Thomas Kemmrich (FDP). Ce dernier a été élu à la présidence de la Thuringe grâce aux voix des conservateurs (CDU) et de l’extrême droite (AfD).
Cette alliance avec le parti d’extrême droite crée un véritable scandale et pousse le dirigeant fraîchement nommé à annoncer sa démission avec effet immédiat. Jusqu’ici les partis traditionnels de droite et de centre droit en Allemagne, comme la CDU ou le FDP, ont toujours refusé toute coopération ou alliance avec l’extrême droite.
En effet, cet événement est un cas inédit d’après-guerre. Face à cette crise politique qui atteint désormais un niveau national, le parti conservateur de la chancelière Angela Merkel a appelé à de nouvelles élections alors même que ses élus locaux ont participé à cette coalition. Pour Angela Merkel, il est hors de question de valider cette alliance.
Ce lundi, coup de théâtre, Annegret Kramp-Karrenbauer, actuelle ministre de la défense, décide qu’elle ne sera plus candidate à la succession d’Angela Merkel à la chancellerie. Elle compte également quitter la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). La droite allemande, au pouvoir depuis 2005, se retrouve désormais, et à un an et demi des législatives, sans chef de file et sans aspirant successeur à la chancellerie.
La réaction d’Angela Merkel est toutefois à saluer. Après avoir réclamé de nouvelles élections, elle décide de congédier de son gouvernement le secrétaire d’État à l’Économie et commissaire du gouvernement aux territoires de l’est de l’Allemagne Christian Hirte pour s’être fendu d’un tweet se félicitant des résultats de l’élection. Faisant ainsi le ménage dans son propre parti, la chancelière ne laisse plus aucune place au doute : elle refuse ostensiblement toute dérive droitière.
Nous ne pouvons que déplorer la crise politique actuelle qui frappe l’Allemagne. Nous devons garder les yeux ouverts et en tirer des leçons. Toute alliance avec l’extrême-droite est à proscrire. Pourtant, dans les sillons de la droite française, l’idée d’une union des droites comprenant le Rassemblement national fait insidieusement son chemin.
Si aujourd’hui certains maires et députés de droite ont franchi le cap de l’extrême droite, cela devrait nous mettre en garde contre les tentations nationalistes qui s’invitent dans les élections municipales.