Le 30 août 2020, lorsqu’Antoine Frérot, PDG de Veolia, annonce son grand projet de créer le « champion mondial de la transformation écologique » en absorbant Suez, il déclenche une de ces batailles historiques que le capitalisme français avait rarement vu. Il semblerait qu’un accord de principe ait été trouvé dimanche soir.
Le climat était extrêmement tendu depuis l’annonce d’une OPA hostile : assignations en justice, médiations qui échouent… Suez a usé de tous les leviers juridiques et boursiers possibles pour se défendre. Les numéros un et deux mondiaux des services de l’environnement se seraient mis d’accord à l’Hôtel Bristol dimanche soir, sous la houlette de Gérard Mestrallet, ex-PDG de Suez qui a mené les négociations à bien. Le nouveau prix proposé par Veolia de 20,50 euros par action y serait pour beaucoup, l’offre initiale étant de 18 euros. Suez exigeait 22,50 euros par titre - cela semble donc être un bon compromis. L’ensemble du groupe Suez étant valorisé à environ 13 milliards d’euros, le géant qui doit naître du rachat affichera un chiffre d’affaires d’environ 37 milliards d’euros.
Bruno Le Maire a salué un accord à l’amiable. Toutes les procédures lancées par les deux entreprises pour soit mener à bien soit entraver le rachat ont été abandonnées (par exemple, Suez avait sanctuarisé ses activités Eau en France dans une fondation de droit néerlandais pour en empêcher la vente).
Un accord définitif devrait être signé d’ici le 14 mai, et Antoine Frérot vise une finalisation de l’OPA à l’automne, après obtention de toutes les autorisations des autorités de concurrence (près de 20, dont la Commission européenne…). Il restera toujours un « nouveau Suez », avec une forte présence nationale et quelques actifs sur des marchés importants. Son chiffre d’affaires pourrait être d’environ 7 milliards d’euros, contre 17 milliards en 2020.
En tous cas, Antoine Frérot peut partir en retraite tranquillement. Il a réussi le coup du siècle !