Le président de la République, François Hollande, a annoncé ce mardi 25 septembre 2014 la suspension de la livraison du premier Mistral à la Russie. Je soutiens cette décision courageuse qui prend acte du non-respect par la Russie de l’accord de cessez-le-feu signé à Minsk le 5 septembre dernier et de l’absence d’évolution positive de la situation dans l’est de l’Ukraine.
J’ai fait part de mon analyse de ce conflit dans un billet précédent. Je continue à penser que les prétentions territoriales à peine voilées de M. Poutine sont une menace réelle pour la souveraineté de ses voisins et pour la sécurité collective de l’Europe. Alors que le président russe a fait de l’Ukraine un terrain de jeu pour provoquer les puissances occidentales et tester leurs réactions, ne pas suspendre la livraison du porte-hélicoptères aurait été un terrible aveu de faiblesse car cela reviendrait à accorder à la Russie un blanc-seing pour des actions qui visent à nous déstabiliser.
Certains s’inquiètent de l’image de la parole de la France sur la scène internationale si elle n’honore pas ses engagements commerciaux. Ils ont tort : tous nos alliés, qui sont aussi nos principaux partenaires commerciaux, nous pressent de renoncer à la livraison. N’oublions pas aussi que la France a d’ores et déjà annoncé que la livraison serait conditionnée à l’évolution de la situation ukrainienne. Devrions-nous donc renier cette promesse ? Je préfère la position cohérente du président de la République. Du reste, que vaut un tel contrat face à l’engagement de la France pour la paix et la sécurité collective ? Nos valeurs se plieraient-elles désormais aux lois du marché international ? Je m’y refuse. La France ne doit pas renoncer à être elle-même : un pays indépendant qui œuvre à son niveau et en lien avec ses alliés au maintien d’une paix durable dans le monde.
Alors, que faire ? Même si la Russie a annoncé qu’elle ne poursuivrait pas tout de suite la France pour obtenir le remboursement de ses avances et d’éventuelles sanctions, la suspension de la livraison n’est pas une solution de long terme. Nous ne pouvons attendre indéfiniment un apaisement de la situation ukrainienne, d’autant plus que le comportement actuel de la Russie rend cette hypothèse peu probable. Des solutions alternatives doivent donc impérativement être mises sur la table et négociées avec nos partenaires de l’UE et de l’OTAN. Le rachat du Mistral par la France ou un pays partenaire en contrepartie d’un assouplissement exceptionnel des règles budgétaires européennes me parait envisageable. Si une telle solution était rendue possible, le pouvoir de nuisance du chantage russe serait assurément réduit. Ajoutons à cela un renforcement des sanctions diplomatiques, économiques et financières contre Moscou et peut-être pourrions-nous alors véritablement peser dans la résolution du conflit russo-ukrainien.